Marc Thiébaud
Différentes formes de travail collectif peuvent être considérées selon un continuum.
Dans une coopération en intelligence collective, des dynamique spécifiques sont mobilisées.
On peut considérer quatre formes de base de travail collectif
La transmission d’informations :
Des informations circulent sans autres interactions.
La coordination :
Les actions de chaque personne sont articulées un minimum, il y a un travail d’organisation, répartition des tâches et rôles… une fois que celui-ci est réalisé, les informations peuvent circuler sans qu’une autre collaboration soit nécessairement requise.
La collaboration :
Implique de la communication plus ou moins continue dans la poursuite d’un objectif concerté ou commun.
La coopération :
S’inscrit dans une interdépendance des membres du groupe ou de l’équipe, avec le développement d’une vision partagée et des ajustements réciproques dans les représentations et actions de chacun.
Dans la perspective d’un continuum, il n’est pas possible de délimiter précisément les frontières entre ces formes de travail collectif, un groupe ou une équipe va passer d’une forme à une autre selon les moments. Il y a des allers-retours, du mouvement entre elles.
La coopération est à la base de l’intelligence collective
On peut considérer que dans la coopération, il y a le sens partagé, l’élaboration et la convergence sur un focus commun, l’inclusion de tous les membres du groupe ou de l’équipe, l’ouverture de chacun dans la communication et de la reliance (interconnexion entre personnes).
Dans une coopération, il peut y avoir une efficacité, un enrichissement, des apprentissages, des satisfactions en faisant oeuvre commune et par le travail de mutualisation.
Il n’y a pas nécessairement émergence d’inédit, fécondation, co-créativité, etc.
L’intelligence collective fait appel à des conditions et des processus qui vont au-delà de ceux de la coopération.
Au sens où nous l’avons définie avec Yann Vacher (qui est différent d’une intelligence collectée), l’intelligence collective mobilise notamment des dynamiques de co-régulations, de conscience collective, de co-créativité, d’acceptation de la complexité et d’ouverture vers de l’inédit.
Il y a émergence, quelque chose qui ne peut pas être à proprement parler voulu ou programmé. Il s’agit d’un travail marqué par l’incertitude, les ambiguïtés, le questionnement, la mise en lien et l’écoute générative (au sens de l’attention à ce qui peut émerger du collectif).
On est dans des processus dialectiques : but et non but ; focus et non focus ; convergence et divergence, etc., qui ouvrent des mouvements évolutifs, parfois par vagues successives, permettant la perception de potentialités encore inconnues et l’actualisation de nouveaux possibles.